ÉDUCATION. Le statu quo était impossible. Avec un écart du taux de réussite de 28 % entre les élèves évoluant dans un programme particulier versus dans un cheminement régulier, le Centre de services scolaire des Chênes (CSSDC) n’avait d’autre choix que d’uniformiser son offre au secondaire. Une décision qui vient avec des avantages et des inconvénients.
La décision ne s’est pas prise sur le coin d’une table. Depuis 2019, les rencontres, analyses, réunions et sondages se sont succédé dans l’édifice de la rue des Écoles pour arriver à une mouture complètement renouvelée de l’offre au secondaire.
Au fil des années, des constats ont été tirés. Au fil des semaines, un travail précis de communication s’est amorcé.
L’écart de 28 % du taux de réussite entre les élèves en régulier et ceux inscrits dans un programme particulier a eu l’effet d’un électrochoc. On a aussi réalisé qu’il fallait remédier à un problème de taille, celui de la perception du cheminement régulier.
«Disons que ce n’est pas winner dans l’esprit des élèves d’être en régulier. Étant donné qu’on avait des critères pour accéder aux programmes particuliers, ce sont souvent les plus forts qui étaient admis. On s’est aperçu aussi que nos enseignants fuyaient les groupes réguliers. Ce ne sont pas nécessairement les plus faciles», met en contexte Maude Trépanier, directrice adjointe du CSSDC.
Chaque année, plus de 400 élèves vivaient la déception d’être exclus des programmes particuliers, que ce soit en danse, vie active ou autres.
«Il fallait absolument mettre fin à l’école à deux vitesses. C’était d’ailleurs l’un des constats que le Conseil supérieur de l’éducation a tiré dans son rapport 2014-2017», ajoute-t-elle.
Les choix étaient limités : soit qu’on abolissait tous les programmes ou qu’on les rendait disponibles à tout le monde.
C’est ainsi que le CSSDC a décidé de brasser la soupe pour permettre à tous les élèves du secondaire d’accéder dès l’automne 2024 à un programme particulier, et ce, peu importe leur performance scolaire ou le budget de leur famille.
Une décision facile à prendre? Pas tout à fait. Le CSSDC a dû marcher sur des œufs et… la balade n’est pas terminée.
C’est qu’en retirant les critères de sélection et en uniformisant l’accès aux programmes particuliers, les élèves moins talentueux (disons moins motivés par les études) feront leur entrée dans ces classes.
«Les classes seront plus inclusives; les élèves seront de différentes forces dans les classes. Des parents ont déploré le fait que leur enfant ne sera plus dans un groupe fort. Notre réponse a été de faire un parallèle avec le primaire. Actuellement, tous les élèves évoluent ensemble et il n’y a pas de nivellement par le bas. On croit plutôt que les enfants plus forts vont tirer les plus faibles vers le haut. La recherche est de notre bord pour cet aspect», précise Lucien Maltais, directeur général du CCSDC.
Éventuellement, des élèves en adaptation scolaire pourraient aussi accéder à ces programmes.
Pour ce qui est des coûts, l’intention du CSSDC est de les «minimiser» et de faire en sorte que le montant octroyé par le Ministère couvre tous les frais, à l’exception peut-être du programme d’études internationales et des sports-études. À ce chapitre aussi, on parle donc de démocratisation.
Cap sur la réussite éducative
Dès le mois de décembre, les jeunes feront leur inscription ou leur réinscription à l’école secondaire.
D’ici là, le CSSDC veillera au grain en préservant la qualité et le temps consacré aux matières de base, comme les mathématiques et le français.
Petit aparté à ce propos : les élèves inscrits dans un programme particulier passent le même nombre d’heures en classe que les autres. Ainsi, la grille-matière doit être bâtie de façon à leur permettre de profiter des joies de leur programme, tout en répondant aux exigences du ministère (réussite éducative).
Dans un système bientôt plus inclusif, le défi sera entier.
«Quand on évalue un système éducatif, la première chose qu’on regarde est effectivement la performance scolaire des jeunes. En intégrant tous les élèves dans des programmes particuliers, on doit maintenant s’assurer de leur réussite. J’ai certaines craintes par rapport à ça. On doit laisser aux équipes-écoles l’autonomie de monter les grilles-matières. Si les élèves réussissent en faisant leur français en six périodes au lieu de huit, tout ira bien. S’il y a des échecs, elles devront mettre en place des mesures pour que les élèves réussissent leurs cours», avise Lucien Maltais, se définissant comme «le gardien des apprentissages scolaires».
Dès la prochaine rentrée scolaire, chaque école secondaire, incluant celle en construction dans le secteur Saint-Nicéphore, disposera de ses propres programmes portant sur la culture, le sport et les sciences. Ils ont été renouvelés ou conçus par chacun des conseils d’établissement.
Mis à part pour les élèves de 4e et 5e secondaires qui auront droit à une «clause de protection», tous les autres devront choisir parmi l’offre de son école de territoire.
Du coup, le CSSDC viendra donner de l’air à son service de transport scolaire, qui flirte avec le point de rupture depuis quelques années.
«Mis à part quelques petits groupes, c’est impressionnant de voir à quel point le personnel embarque dans notre grand projet. On comprend cependant que certains ont des craintes. On sait que ce n’est pas parfait. On est dans un système et dans un système, tu ne peux pas plaire à tout le monde», termine le directeur général.
Plus de 1500 élèves changeront d’école
Tout ce branle-bas de combat visant à démocratiser les programmes particuliers au secondaire entraînera inévitablement des changements d’écoles, les élèves devant majoritairement poursuivre leurs études dans leur école de quartier.
«Mathématiquement, on pense que 1500 élèves vont changer d’école, mais avec l’ouverture de la nouvelle école dans Saint-Nicéphore, il y a automatiquement 1300 élèves qui changeaient d’école quand même. Je crois donc que le timming est bon pour amener le changement des programmes particuliers», a expliqué Lucien Maltais. Autant que possible, le CSSDC tentera de répondre à tous les besoins de transport.
Les dates importantes
- Du 4 au 15 décembre : période de demande d’admission pour les élèves de 6e année.
- Du 4 au 15 décembre : période de sondage auprès des élèves de 3e et 4e secondaire évoluant actuellement dans un programme particulier afin d’évaluer leur désir de poursuivre dans leur programme.
- 25 janvier : portes ouvertes dans les écoles secondaires.
- Du 12 au 29 février : période d’inscription, de réinscription et des demandes de choix d’école.
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